Reste Baalbek, et l'inexplicable !
Ces pierres monumentales dont l’assemblage fit croire à certains qu’il avait été le fait d’extra terrestres. Le Temple de Jupiter : six colonnes, pas une de plus sur les 54 que comportait le péristyle, ce que les guerres et les tremblements de terre ont oublié mais qui se reçoit comme un prodige. En décor de fond le temple attribué à Bacchus. Un monument qui surpasse en force tout ce que les Romains ont construit, peut-être une démonstration de puissance des dieux païens face à un christianisme ascendant. Au centre, la cella que les initiés seuls pouvaient atteindre. Mais Rome n’a fait que reprendre les cultes anciens, sémites, phéniciens, égyptiens et grecs. S’approprier l’insaisissable besoin de Dieu et sacrifier aux divinités locales ou de circonstances : Baal Shamash le phénicien, Jupiter le romain.
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Baalbek aurait-elle aujourd’hui d’autres maîtres ? Entre les mots comme entre les pierres sourdent les cris de nos agonies. Et demain ? Avec un passé présent qui se conjugue à la manière libanaise, les nouveaux dieux de Baalbek seront-ils barbares ou fraternels ?
La tombée du jour rappelle que le temps est limité. Nous nous croyons immobiles et nous ne sommes que passagers. Lentement les temples se dévêtent. Les couleurs glissent dans l’éphémère. Baalbek illusionne.
La nuit déjà ? Pas encore, mais les dernières respirations d’une vision apothéotique du monde idéal.
Et ils applaudiront, les sages et les fous côte à côte, les belliqueux et les pacifistes réunis, et chaque dieu y prendra les siens.
Jean-Claude Forestier.